Fondation Abbé Pierre : constat et propositions contre la précarité énergétique
Nous avons participé hier à la présentation du rapport sur le mal-logement de la Fondation Abbé Pierre. La précarité énergétique a été l'un des sujets abordés : retour sur les constats formulés et les propositions émises.
Le constat
12 millions de personnes vivent en situation de précarité énergétique en France. La raison : les 5 millions de passoires énergétiques que compte notre pays. La solution : la rénovation performante de ces dernières.
Si le gouvernement a ajouté 2 milliards au budget 2022 pour aider les ménages à rénover leur logement, les aides encouragent malheureusement les rénovations peu performantes. 86% des aides Ma Primes Rénov’ sont consacrées à des rénovations mono gestes. De plus, le reste à charge pour rénover son logement est encore beaucoup trop important : pour les ménages très modestes, il s’élève à 39% du montant total des travaux et à 56% pour les ménages modestes. Ce sont des dépenses inenvisageables lorsque l’on est en difficulté financière.
Autre problème : la lutte contre l’habitat indigne et la rénovation énergétique sont traitées indépendamment. Un logement ne peut être comptabilisé comme insalubre et ayant des problèmes de performance énergétique. Si bien que les aides ne sont pas cumulables pour des logements qui sont dans les deux situations, ce qui est très fréquent pour les passoires énergétiques.
Plus globalement, certains financements contre la précarité énergétique ne sont pas cumulables. Ce qui peut aboutir à des changements dans le projet de travaux : on ne réalise qu’une partie des travaux et on réalise les travaux en deux fois, ce qui n’est pas optimal d’un point de vue efficacité énergétique.
Les propositions pour éliminer la précarité énergétique
La Fondation Abbé pierre émet des propositions pour d’une part, sur le temps long, éradiquer les passoires énergétiques, et d’autre part, au court terme, protéger les ménages vulnérables.
Éradiquer les passoires énergétiques
- Globaliser les financements dédiés à la lutte contre les passoires énergétiques et la lutte contre l’habitat indigne dans un dispositif global et lisible ;
- Développer des dispositifs financiers plus poussés, avec l’accès facilité à l’éco-prêt à taux zéro et la mise en place du prêt avance rénovation ;
- Développer des mécanismes de tiers financement, pour que qu’une partie des travaux soit financée par les économies d’énergie attendues ;
- Investir de manière importante et à long terme pour mieux accompagner les ménages dans leur démarche de travaux, avec un guichet unique efficace et un accompagnement indépendant et complet, en priorité à destination des plus pauvres ;
Ces mesures devraient permettre de rendre acceptable et possible une obligation de rénovation performante. Comme le souligne la Fondation Abbé Pierre, elle est nécessaire pour réduire réellement et durablement la précarité énergétique et atteindre les objectifs climatiques de la France.
Créer un bouclier énergétique
Au-delà de ces mesures à long terme, il est nécessaire d’agir dès maintenant pour les ménages en précarité énergétique : il faut mettre en place un bouclier énergétique.
- Augmenter le montant du chèque énergie : il doit atteindre 700 € par an pour les ménages en difficulté et être indexé sur les prix réels des énergies pour compenser les augmentations futures de ces prix ;
- Abonder les Fonds de solidarité logement : c’est une des obligations de tous les fournisseurs d’énergie, qui n’est pas remplie aujourd’hui. Ces fonds permettent d’aider les ménages en situation d’impayés.
- Abolir les coupures d’électricité, quelle que soit la période de l’année, en instaurant un service minimum de l’électricité avec une réduction de puissance à 1 kVa. EDF et Plüm énergie se sont déjà engagés à mettre en place cette mesure.