La Covid-19, le virus des inégalités
Oxfam a publié son dernier rapport sur l'impact de la crise sanitaire sur les inégalités : augmentation de la pauvreté tandis que les plus riches sortent déjà de la crise. Cela fait écho aux alertes sur la précarité énergétique entendues ces derniers mois.
Le rapport d’Oxfam intitulé « Le virus des inégalités » revient sur les conséquences en termes d’inégalités de la crise sanitaire. Au niveau mondial, les 1000 personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau de richesse d’avant la crise en 9 mois, alors qu’il pourrait falloir 10 ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques de la pandémie.
En France, une crise qui aggrave les inégalités existantes
Les milliardaires français ont retrouvé en 9 mois leur niveau de richesse d’avant la crise, et certains comme Bernard Arnault (LVMH) se sont même enrichis durant la crise (+ 44 milliards). Cela s’explique par les réponses du gouvernement et de la Banque centrale européenne, avec des plans d’urgence importants, qui ont rassuré les marchés financiers.
Dans le même temps, la pauvreté repart à la hausse.
- le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire est passé de 5,5 millions de personnes avant crise à 8 millions de personnes
- une augmentation de 8,5 % du nombre d’allocataires du RSA
- 1 million de personnes ont basculé dans la pauvreté à cause de la crise, selon les ONG
- on atteint les 10 millions de pauvres en France !
Oxfam relève que certaines catégories de population sont plus fortement touchées que d’autres. En particulier, les travailleurs précaires, les personnes migrantes, mais aussi les mères isolées et les jeunes. Ces derniers sont touchés de plein fouet par la crise sanitaire, étant souvent dans des emplois précaires et n’ayant pas droit au RSA. En 2017, parmi les 5 millions de pauvres décomptés en France par l’Observatoire des inégalités, près de la moitié avait moins de 30 ans.
Oxfam propose dans son rapport des solutions pour réduire les inégalités durablement et dénonce une fiscalité qui favorise depuis plusieurs années les plus riches.
Lire le rapport sur la situation en FranceLes impacts sur la précarité énergétique
Déjà le 14 janvier dernier, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) alertait à l’occasion de la publication de son tableau de bord 2020 sur l’augmentation prévisible de la précarité énergétique.
Si l’ONPE estime qu’au moins 3,5 millions de ménages étaient en précarité énergétique en 2019, il alerte sur le risque d’intensification de la précarité énergétique en 2020 et 2021. L’ONPE relevait également son inquiétude quand à la part importante de jeunes qui ont réduit leur chauffage (66%) et eu des difficultés de paiement (32%).
Lire le communiqué de presse de l’ONPEL’ONPE, comme le CLER (réseau pour la transition énergétique) s’inquiètent notamment de la fin de la trêve hivernale, le 31 mars 2021. En effet, le paiement des factures a été suspendue, avec une prolongation de la trêve hivernale en 2020. Mais dès fin mars, les ménages les plus modestes devront régler leurs factures, et le risque d’impayés est fort.
Comme le disait Marie Moisan, coordinatrice du réseau RAPPEL (le réseau des acteurs contre la pauvreté et la précarité énergétique dans le logement) dans notre communiqué de presse commun avec Enercoop en octobre dernier :
« La prolongation de la trêve hivernale en 2020 a permis aux ménages les plus fragiles de suspendre leurs factures d’énergie au plus dur de la crise, et de faire face aux baisses de revenus et à l’augmentation de certaines dépenses (alimentaires notamment) pendant cette période. Pour autant, le risque est fort de voir, dans les prochains mois, une explosion des dettes et des coupures pour impayés car, sans intervention massive pour réduire les besoins à la source dans le logement, nous restons plutôt dans la logique du “reculer pour mieux sauter”. »