Précarité énergétique : c’est aussi l’été !
La vague de chaleur nous atteint ces derniers jours et nous en souffrons tous. Mais à des degrés divers. Imaginez ce qu’il en est pour les victimes de la précarité énergétique ! Car oui, ce fléau n’est pas qu’hivernal mais aussi estival. On vous explique pourquoi.
Précarité énergétique ne veut pas dire hiver
La loi Grenelle II a donné une définition à cette problématique : il s’agit de rencontrer des difficultés particulières à disposer dans son logement de la fourniture d’énergie nécessaire pour faire face à ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat. Or les conditions d’habitat comme les ressources ne concernent pas que le froid… mais aussi le chaud !
On le sait, le stress thermique provoqué par la chaleur peut être mortel, comme l’a révélé la mortelle canicule de 2003. Se protéger du chaud est donc nécessaire pour la santé des humains. Et nous ne sommes pas tous égaux face à cette problématique.
D’une part, parce que les logements mal isolés et autres passoires énergétiques ne permettent pas de bien se protéger de la chaleur. D’autre part, car lorsque la solution pour se rafraîchir est le ventilateur ou encore pire la climatisation, cela représente une consommation d’énergie que nombre de ménages ne peuvent pas se permettre, sans compter un investissement nécessaire à l’achat la plupart du temps.
Ainsi, ne pas pouvoir se protéger de la chaleur est une forme de précarité énergétique.
Des solutions à différents niveaux
Face à cette problématique, « ce qui est bien, c’est que les solutions sont souvent les mêmes [pour la précarité énergétique hivernale qu’estivale ]: une bonne isolation, et des appareils de chauffage ou de climatisation performants », explique Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, interrogé par l’AFP. Ainsi, lutter contre la précarité énergétique hivernale peut être le même combat que l’estivale ! Une bonne nouvelle et surtout une raison de plus d’inciter à la rénovation complète et performante des logements, une action que nous soutenons chez Énergie Solidaire.
Mais les solutions à long terme sont aussi du côté de l’urbanisme : les îlots de chaleur formés dans les centres urbains doivent être résorbés grâce à la végétalisation et à des restructurations des cœurs urbains. Ce sont les populations les plus défavorisées qui sont les plus touchées, en vivant dans des villes très denses, avec souvent une surpopulation dans le logement et peu de végétalisation alentour. « Le réchauffement, les pics de chaleur, vont toucher tout le monde, mais surtout en ville, dans les quartiers peu végétalisés » souligne Manuel Domergue. Il est indispensable de repenser nos villes pour que nous soyons davantage égaux face aux vagues de chaleur.
La précarité énergétique estivale, une problématique encore peu étudiée
Peu de données existent concernant ce fléau. Au niveau européen, les premières données datent de 2012. Nous vous en parlions dans cet article. 1 Européen sur 5 subit un inconfort thermique l’été.
En France, le manque de données est flagrant, alors que des études estiment que la surmortalité estivale dépassera la surmortalité hivernale d’ici 2050, comme le souligne Audrey Berry dans cette interview.
Ce qui est certain : la précarité énergétique ne s’arrête pas à l’hiver et des actions doivent être prises pour lutter contre sa face estivale !